Le réseau des fantasques et les arêtes de poisson

Sous la colline de la Croix-Rousse, outre cette multitude de petits souterrains privés, on trouve également le « réseau des fantasques », d’une longueur de 4 km environ. Ce réseau surprenant est composé de portions très distinctes les unes des autres : alors que certaines galeries, qui constituent les souterrains des Colinettes, sont étroites et sinueuses, d’autres ont une géométrie des plus surprenantes qui leur a donné le nom d’ « arêtes de poisson ».

Les souterrains des Colinettes doivent leur nom aux sœurs du couvent des Colinettes, situé dans le secteur du carrefour Adamoli/Magneval aux XVIIe et XVIIIe siècles. En 1748, une importante sécheresse incita les sœurs à creuser le sous-sol dans l’espoir d’y trouver de l’eau. Des traces de cette construction ont été retrouvées dans des écrits de l’époque, ce qui permit de se rendre compte de la ténacité de la Mère supérieure qui dirigea les travaux, n’hésitant pas à montrer elle-même l’exemple aux ouvriers quelques fois hésitants. Plus tard, en 1761, elle fit même construire une autre galerie afin, cette fois, de drainer les eaux d’infiltration dont la présence compliquait des travaux du moment. Ces courageux travaux ont sans doute été la cause d’affaissements qui eurent lieu dans le secteur en 1963.

Les arêtes de poisson, elles, sont un des grands mystères du sous-sol lyonnais. En effet, l’absence de tout document relatant de leur existence implique qu’à l’heure actuelle, personne ne peut affirmer avec certitude connaître leur origine.

Le nom « arêtes de poisson » provient de l’architecture des galeries : elles sont constituées d’une colonne vertébrale de 300 mètres environ, de laquelle partent perpendiculairement 34 « arêtes » de cinquante à cent mètres. Leur gabarit est imposant (2,5 à 3 m de hauteur et de largeur) et leur aspect des plus géométriques. L’inclinaison des arêtes dans la direction opposée à la galerie centrale, contrairement au principe de drainage de l’eau, la présence en leur sol d’un lit de pierres dont le but était d’assainir l’ouvrage, et leur situation par rapport à la nappe phréatique ne laissent aucun doute sur le fait qu’elles n’étaient pas destinées à drainer l’eau.

On y trouve quelques puits qui les relient à la surface, et qui, avec leurs finitions soignées, ne pouvaient être uniquement destinés à l’évacuation des déblais.

A ce jour, nul n’a réussi à trouver la moindre trace de l’existence de ses souterrains... Pourtant, pour construire un tel ouvrage, des études ont dû être effectuées, des plans ont dû être tracés... Qu’en est-il de ces écrits qui restent introuvables ? De plus, il semble peu probable qu’un chantier d’une si grande ampleur, nécessitant un tel volume de pierres à transporter et une telle quantité de terre à extraire, ait pu passer inaperçu. Les habitants des environs n’avaient-ils pas conscience de ce qui se passait sous leurs pieds ?

Situées non loin d’anciennes fortifications datant du XVIIe siècle, l’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il s’agirait d’un ouvrage militaire. Mais là encore, le mystère demeure quant à leur utilité.

Elles auraient pu servir pour du stockage de vivres, de matériel, ou encore de poudre à canon (les multiples galeries permettraient alors de limiter la quantité de poudre explosant en cas d’une éventuelle explosion).

Ou pourrait-il ne s’agir que du résultat d’un exercice visant simplement à s’entraîner à de telles constructions ?

Enfin, un tel ouvrage n’aurait-il pu être destiné à améliorer la défense de la colline de la Croix-Rousse en cas d’attaque ?

Bref, les hypothèses fusent, mais le mystère demeure.

Ce réseau recèle d’autres énigmes propres au sous-sol lyonnais... Parmi elle, la rencontre avec un second « Gros Caillou », petit frère du Gros Caillou de la Croix-Rousse. Celui-ci, de 1 mètre de diamètre environ, et malgré son inutilité apparente, se trouve au milieu d’une galerie depuis des centaines d’années... Quelle que soit l’utilité de ces souterrains, sa silhouette imposante devait provoquer une gêne indiscutable, alors pourquoi n’a-t-il pas été détruit lors de la construction ?

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